Coupe du monde de football féminin : un tournant dans le sport féminin ? Abonnés
Le football, sport populaire par excellence, et qui cultive le lien entre la masculinité et le sport, a longtemps tourné le dos à cette féminisation, mais semble aujourd'hui emporté par la vague Bleue. En effet, le 7 juin dernier, l'équipe de France féminine est passée de l'ombre à la lumière à l'occasion de leur premier match en Coupe du monde contre la Corée du Sud, devant plus de 10,5 millions de téléspectateurs, au point d'en surprendre son diffuseur qui, depuis, a opportunément augmenté de 60% ses tarifs publicitaires. L'année 2019 marquerait-elle un tournant dans le sport féminin ? On pourrait le croire au regard de certains indicateurs : la publication par la FIFA de la première Stratégie pour le football féminin en octobre 2018, l'attribution du premier Ballon d'or France Football de l'histoire à l'attaquante norvégienne Ada Hegerberg en décembre 2018 ou le nombre record de matchs joués par les équipes nationales (615 matchs joués en 2018 contre 368 en 2003). Symbole s'il en est, l'année 2019 marque aussi le centenaire du premier championnat de France de football féminin, organisé alors entre quatre équipes parisiennes, et ce, deux ans après le premier match de football disputé entre deux équipes féminines sur le territoire français. Cet engouement s'illustre également à travers le nombre de licenciées passé de 50 000 en 2011 à plus de 170 000 désormais, notamment grâce au plan de féminisation créé par la Fédération française de football dès 2009, dont l'objectif est de passer à 250 000 licenciées après la Coupe du monde 2019.
Cette médiatisation soudaine et l'intérêt populaire pour l'équipe de France féminine ne doivent cependant pas occulter les barrières culturelles et les préjugés à l'encontre du sport féminin professionnel. Elle doit aussi mettre en lumière les inégalités persistantes dans la pratique sportive puisqu'en moyenne, et faute de temps, les femmes consacrent une heure de moins par semaine que les hommes au sport. A cela s'ajoute une féminisation insuffisante des instances du football (clubs, fédérations), des installations sportives encore trop souvent réservées au football masculin et les difficultés pour les joueuses à trouver un club à proximité de leur domicile, notamment en milieu rural. Il reste à espérer que l'effet Coupe du monde puisse profiter aux autres disciplines sportives, tant en termes de visibilité pour les équipes féminines qu'en matière de financement et remette enfin les femmes au centre du jeu.
Romain Boisset le 13 juin 2019 - n°238 de Communes et Associations
- Conserver mes publications au format pdf help_outline
- Recevoir par mail deux articles avant le bouclage de la publication.help_outline
- Créer mes archives et gérer mon fonds documentairehelp_outline
- Bénéficier du service de renseignements juridiqueshelp_outline
- Bénéficier du service InegralTexthelp_outline
- Gérer mon compte abonnéhelp_outline