La laïcité a 120 ans, les associations à la croisée des chemins Abonnés
Longtemps, ces deux héritages se sont complétés. La laïcité fixait un cadre commun où aucune croyance ne pouvait s’imposer comme norme publique. La liberté d’association permettait à toutes les sensibilités de s’organiser, de débattre, d’agir. Les collectivités tenaient la neutralité et la vie associative devenait l’un des lieux où se discutaient les désaccords.
Cent vingt ans plus tard, cet équilibre est moins évident. La laïcité concentre des crispations. Les associations se retrouvent en première ligne et voient leurs choix et leurs partenariats plus fortement scrutés. Le contrat d’engagement républicain, en conditionnant subventions et agréments à une série d’obligations, installe un climat de soupçon. Là où le pari reposait sur la confiance et le contrôle a posteriori, beaucoup d’associations ont le sentiment de devoir prouver sans cesse qu’elles ne déraperont pas.
Pourtant, la laïcité n’a pas pour vocation d’alourdir la vie associative. Sa raison d’être est d’offrir un cadre lisible où chacun connaît sa place. Elle protège la liberté de conscience, celle de croire ou de ne pas croire, de porter une conviction tant que l’égalité des personnes et la dignité de chacun sont respectées. Elle rappelle aussi que la neutralité incombe aux pouvoirs publics, pas aux associations. Le défi désormais est de défendre une laïcité ferme sur ses principes et claire sur ses limites, afin que les bénévoles sachent sur quoi ils s’engagent réellement.
C’est là que se joue une partie de l’avenir du lien entre communes et associations. Penser la laïcité dans le monde associatif ne revient ni à empiler des clauses ni à fermer les yeux sur les dérives réelles. Il s’agit de clarifier les rôles et d’assumer les responsabilités : aux pouvoirs publics la neutralité et la cohérence des critères ; aux associations la responsabilité de leurs choix et le respect du droit.
La laïcité a cent vingt ans et demeure un principe de liberté avant d’être un outil de contrôle. C’est à ce prix qu’elle restera, pour les associations comme pour les communes, un repère commun plutôt qu’un soupçon permanent.
Romain Boisset le 16 décembre 2025 - n°380 de Communes et Associations
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