Culture : un modèle territorial à bout de souffle Abonnés
Le bloc local en première ligne
Les régions et les départements sont les plus touchés par la contraction des moyens : 60 % des premières et 64 % des seconds ont revu leurs budgets culturels réduits, parfois de plus de 20 %. En revanche, le bloc communal – qui assure plus de 80 % du financement public de la culture – résiste mieux. La moitié des communes interrogées ont choisi de maintenir ou d’augmenter leurs crédits, permettant ainsi d’amortir partiellement le choc. Mais cette résistance repose sur des équilibres précaires, car de nombreuses communes se retrouvent à arbitrer entre la culture et d’autres priorités locales. Les coupes concernent surtout le fonctionnement, qui fait vivre la culture au quotidien. Les festivals, le spectacle vivant, l’action culturelle et l’éducation artistique sont les premiers touchés. Dans le même temps, 42 % des collectivités ont diminué leurs subventions aux associations, contre 11 % seulement l’an passé. Ces structures, essentielles pour animer les territoires, voient donc leurs marges de manœuvre continuer à se réduire. L’emploi culturel n’est pas épargné non plus : un quart des collectivités signale des suppressions de postes. Si le bloc local maintient globalement le cap, c’est donc souvent au prix de renoncements silencieux et de réajustements permanents.
Une coopération fragilisée et des perspectives à redéfinir
Au-delà des chiffres, c’est le fonctionnement même du modèle culturel territorial qui se fragilise. Le baromètre montre un recul des partenariats entre collectivités et un affaiblissement du dialogue avec l’État. Dans un contexte budgétaire tendu, les élus cherchent moins à affirmer leur autonomie qu’à préserver les solidarités existantes. Cette prudence traduit un besoin de stabilité : près d’un responsable culturel sur deux souhaite d’ailleurs que les compétences culturelles soient davantage inscrites dans la loi, afin de sécuriser les moyens et de clarifier les responsabilités.
Les priorités évoluent peu : l’accès à la culture, l’ancrage territorial et la qualité de l’offre demeurent au cœur de l’action publique. Mais la transition écologique, pourtant de plus en plus présente dans les discours, reste marginale, tandis que l’éducation artistique marque un recul. Quelques tensions apparaissent aussi autour de la liberté de création, sous la forme de pressions ou d’interventions dans certaines programmations. Au fond, le baromètre 2025 ne décrit pas l’effondrement d’un modèle, mais il en révèle la fatigue. Les collectivités continuent de considérer la culture comme un levier de cohésion et d’attractivité, mais leurs marges financières s’amenuisent. C’est désormais leur capacité à coopérer, à mutualiser et à innover qui déterminera si la culture demeure un bien commun ou glisse peu à peu vers un champ de plus en plus contraint.
Le Baromètre est disponible sur https://www.observatoire-culture.net/barometre-budgets-choix-culturels-collectivites-territoriales-2025/>
Romain Boisset le 04 novembre 2025 - n°377 de Communes et Associations
- Conserver mes publications au format pdf help_outline
- Recevoir par mail deux articles avant le bouclage de la publication.help_outline
- Créer mes archives et gérer mon fonds documentairehelp_outline
- Bénéficier du service de renseignements juridiqueshelp_outline
- Bénéficier du service InegralTexthelp_outline
- Gérer mon compte abonnéhelp_outline