L’État entend-il poursuivre sa stratégie d’infantilisation des associations ? Abonnés
Pour appuyer sur le premier aspect, l’État prétend soutenir financièrement les actions des associations, souvent par des mesures temporaires (à grand renfort de communication) alors que les crédits à long terme font défaut pour financer des actions de fond. Pour contrôler le second aspect, il met en place des garde-fous destinés à lui laisser un droit de regard sur les activités associatives. Il en est ainsi de la mise en place systématisée des conventions pluriannuelles qui créent des obligations à la charge des associations, plus récemment du contrat d’engagement républicain que toute association doit désormais signer pour témoigner de sa conformité aux principes républicains.
Cette liste n’a peut-être pas fini de s’allonger si l’on en croit les paroles de Marlène Schiappa, secrétaire d’État en charge de la vie associative qui a annoncé, ces derniers jours, travailler sur un « pacte de confiance » entre les associations et l’État. Est-ce à dire qu’il y aurait un déficit de confiance réciproque entre les deux parties ? Ou bien ce déficit est-il strictement unilatéral ? L’État aurait-il besoin de se rassurer, estimant que les associations, dont la liberté est pourtant un droit constitutionnel, ont pris trop de latitudes ? Cette terminologie, forcément réfléchie, pose question tant elle met en exergue un sentiment d’infantilisation de la part de l’État qui va dicter aux associations comment elles doivent se débrouiller là où lui-même a failli. Au-delà des mots, c’est le manque de dialogue entre les pouvoirs publics et le monde associatif qui se dévoile dans cette expression, là où il devrait s’agir d’une relation « main dans la main », sans suspicion aucune. Les contours de ce pacte, tel qu’annoncés, ne sont pas une nouveauté : la création d’un guichet unique pour les demandes de subventions des associations afin de « simplifier la paperasse » selon Madame Schiappa. Ce serpent de mer, annoncé par tous les gouvernement ces dernières années verra-t-il vraiment le jour ? Ce qui est certain, en revanche, c’est que l’État en demandera toujours plus aux associations en contrepartie de tout ce qu’il aura bien voulu leur accorder par ledit pacte.
Romain Boisset le 22 septembre 2022 - n°308 de Communes et Associations
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