La fin du SNU, un vide pour l’engagement local Abonnés
Le motif de sa mise au pilori est clair, il est budgétaire. Après des années d’hésitations, d’allers-retours sur son caractère obligatoire ou non, le SNU disparaît sans gloire, remplacé par un futur service militaire volontaire dont on ne sait presque rien.
Un dispositif inachevé
Ce dénouement clôt une séquence entamée en 2017 avec la promesse présidentielle d’un nouveau service universel pour la jeunesse. Un dispositif imaginé pour renforcer la cohésion nationale, encourager l’engagement, favoriser la mixité sociale. Les premières expérimentations en 2019 avaient suscité l’intérêt, mais aussi rapidement révélé les limites d’un projet dont la généralisation à la France entière aurait coûté plusieurs milliards d’euros. La Cour des comptes avait d’ailleurs sonné l’alerte sur les objectifs incertains, les moyens sous-estimés et l’impossibilité de tenir la trajectoire fixée.
Un signal contradictoire envoyé à la société civile
La disparition du SNU dépasse la seule question d’un dispositif mal calibré. Elle traduit un paradoxe plus profond : au moment où les responsables publics affirment vouloir promouvoir l’engagement, l’État supprime le cadre qui en portait l’ambition. Les communes avaient mobilisé leurs moyens pour accueillir les séjours de cohésion des jeunes volontaires, en ouvrant des centres ou en adaptant des équipements collectifs. Les associations avaient intégré dans leurs projets l’accueil de jeunes pour des missions d’intérêt général, qu’il s’agisse de culture, de solidarité ou d’environnement. En renonçant à ce dispositif, ce sont ces efforts qui se trouvent fragilisés et c’est un signal inquiétant envoyé à la société civile. Car, au-delà des financements et des moyens matériels, c’est l’idée même d’un engagement de la jeunesse reconnu et soutenu par les pouvoirs publics qui vacille.
Le gouvernement promet un nouveau parcours citoyen, mais sans calendrier ni moyens clairement définis. Les communes et les associations, elles, redoutent une période d’incertitude et craignent de perdre un partenaire institutionnel qui, malgré ses limites, avait le mérite d’exister.
Le véritable enjeu sera désormais de transformer cette suppression en une occasion de rebâtir un cadre crédible pour promouvoir l’engagement, à la hauteur des attentes des jeunes et des besoins des territoires.
Romain Boisset le 07 octobre 2025 - n°375 de Communes et Associations
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