Le Fair play Financier : une mauvaise « bonne idée » pour moraliser le sport Abonnés
Certes, les financiers ont pris trop de place dans la gestion de la société et se sont substitués aux politiques. Mais une fois encore, le football apparait comme une cible facile. Pourquoi faire obstacle à l'apport de capitaux par des richissimes milliardaires ? Pourquoi s’opposer à l'apport financier d'un pays qui souhaite valoriser son image de marque ?
Les bonnes raisons sont légitimes. D’où vient l'argent de l’oligarque russe, M. Abramowitch président de Chelsea ? Comment peut-on dérouler le tapis rouge au Qatar, un état qui bafoue les droits de l'homme (y compris ceux des footballeurs étrangers qui jouent dans son championnat) ?
Mais le football est aussi un grand spectacle populaire et planétaire, qui fait encore rêver et dont certains joueurs d’exception sont d’extraordinaires produits commerciaux. Ibrahimovic marque des buts mais il fait vendre aussi et participe, dans le monde entier, plus à l'image de Paris qu'à celle du Qatar. Tout cela n'est pas incompatible. Certes, son salaire est scandaleux : sa rémunération mensuelle correspondant à 40 ans de salaire d'un couple de smicard ! Une réforme fiscale (imposition à 75 %) est en cours pour faire rentrer cet l'argent dans les caisses de l'État. Parfait. À condition, toutefois, de développer une stratégie cohérente, pérenne et mobilisatrice.
Mais, l'apport financier extérieur permettra aussi dans les années à venir, comme Outre Manche, de ne plus faire appel aux contribuables pour financer le fonctionnement des clubs ou pour construire des stades. Des solutions existent, outre le "naming" et les contrats de partenariat qui, compte tenu de la glorieuse incertitude du sport, paraissent pour le moins hasardeux (l'exemple du Mans, le démontre plus que de longs discours). Elles consistent à mobiliser l'argent de ceux qui en ont trop au bénéfice de la population de supporters modestes qui ne peuvent pas s'offrir d'autres spectacles. Dans ces conditions, elles seraient profitables à tous et dans de conditions meilleures que le Fair Play financier, davantage utile à apaiser nos consciences, et qui apparait, par ailleurs, comme un outil en infraction avec les règles du droit communautaire.
Jacques KIMPE le 15 mai 2014 - n°126 de Communes et Associations
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