Éditions Sorman

En ce début janvier, la France connait un épisode de froid intense qui a obligé les préfectures à réactiver le plan « grand froid » qui, en cas de températures négatives, permet de mettre à l’abri les personnes vulnérables en intensifiant les maraudes et en ouvrant davantage de places d’urgence.
Les associations et leurs bénévoles, habitués à venir en aide à ces personnes en détresse quelles que soient les circonstances, sont particulièrement sollicitées et observent souvent d’un œil désabusé les stratégies de communication des pouvoirs publics.
Ainsi, à peine l’épisode de froid intense annoncé, le gouvernement Borne, par la voix de son ministre délégué au Logement Patrice Vergriete a annoncé 120 millions d’euros de crédits supplémentaires pour « renforcer le système d’hébergement d’urgence ». D’après le ministre, le but n’est pas tant de créer de nouvelles places supplémentaires (environ 10 000) mais surtout d’éviter que les personnes en situation de précarité ne rentrent dans l’hébergement d’urgence, ou d’essayer de les en faire sortir le plus rapidement possible. Le ministère rappelle que le nombre de places en hébergement d’urgence est passé de 198 000 au 1er janvier 2023 à 203 000 aujourd’hui (contre 93 000 il y a dix ans).
Ces crédits seront en priorité affectés aux besoins les plus urgents, en ciblant les 3 000 femmes et enfants actuellement à la rue selon Emmaüs. Ils serviront aussi à « réformer en profondeur » le système d’hébergement d’urgence, ce qui doit passer, selon le ministre, par une meilleure coordination avec les collectivités locales.
Pour tous les acteurs du secteur, ce vernis ne peut dissimuler les lacunes de la politique de solidarité du gouvernement. Ils regrettent que les politiques publiques soient déclenchées lorsque le thermomètre passe sous la barre de zéro degré, alors que depuis plusieurs années ils militent pour obtenir des moyens afin d’éviter que des personnes se retrouvent à la rue (prévention des expulsions, aides aux logements, etc.). Nombre d’entre eux avaient adressé en décembre dernier un cri d’alarme au Président de la République pour le sensibiliser sur leur manque de moyens et leur asphyxie budgétaire, mettant en péril l’accompagnement des populations précaires.

Romain Boisset le 11 janvier 2024 - n°337 de Communes et Associations