Éditions Sorman

En ce premier week-end de mars, la 38ème collecte nationale des Restos du Cœur bat son plein et n’aura jamais autant démontré son intérêt, alors que les crises successives et l’inflation affectent de plein fouet les plus démunis. Face à l’explosion du prix des aliments, de plus en plus de personnes se tournent plus fréquemment vers l’aide alimentaire. En 2022, l’alimentation représentait en effet le 2ème poste de dépenses des ménages (en augmentation de 14 % depuis 2020) après le logement et avant les factures d’eau et d’énergie.
Les profils des bénéficiaires sont désormais variés et touchent toutes les tranches d’âges, comme le démontre l’étude publiée le 27 février dernier par la Fédération française des banques alimentaires. Son constat est sans appel : en 2011, les banques alimentaires accueillaient 820 000 personnes, fin 2022, elles en accueillaient 2,4 millions, soit trois fois plus en dix ans seulement. La crise sanitaire a en effet laissé des traces car, en moins de deux ans, 400 000 nouvelles personnes se sont présentées dans les associations, les CCAS et les épiceries sociales du réseau des banques alimentaires qui constatait ainsi, fin 2022, une hausse de 9 % de la demande d’aide alimentaire.
L’étude démontre qu’au-delà des publics très précaires, de nouveaux profils ont désormais recours à l’aide alimentaire : 17 % des personnes accueillies sont à la retraite et 17 % d’entre-elles ont un emploi (dont 60 % en CDI et 66 % à temps partiel). Parmi les 83 % de bénéficiaires qui sont sans emploi, outre les retraités, 27 % sont au chômage, et 14 % sont handicapés, invalides ou en maladie longue durée. Dans une étude similaire également publiée fin février, l’Union nationale des groupements des épiceries sociales et solidaires dresse le même constat et met d’ailleurs en évidence la surreprésentation d’un public mineur de moins de 15 ans (qui représente 30 % du public des épiceries alors qu’il ne correspond qu’à 17 % de la population).
Quatre vingt quatorze pour cent des personnes interrogées par l’étude des banques alimentaires vivent en dessous du seuil de pauvreté, avec un revenu moyen de 850 euros par famille. La fréquence du recours à l’aide alimentaire est également en hausse : 58 % des personnes accueillies viennent une à deux fois par semaine, soit une hausse de 6 % par rapport à 2020. Pour près de deux tiers des bénéficiaires, l’aide alimentaire est jugée essentielle, signe que le rôle des associations œuvrant à l’aide alimentaire est désormais indispensable dans une société qui n’arrive plus à endiguer la précarité. Parmi les témoignages, la plupart soulignent l’importance de l’accompagnement et apprécient le soutien moral et social alors que près de 40 % des personnes accueillies vivent seules.

Banques Alimentaires, Études Profils, Qui sont les personnes accueillies à l’aide alimentaire, Février 2023. 

Romain Boisset le 02 mars 2023 - n°319 de Communes et Associations